PENSER et GERER UN MONDE OUVERT

L’Etre humain n’existe que par sa relation à l’autre. Il ne peut grandir que s’il meurt à lui-même comme le grain de blé tombé en terre. En s’ouvrant, le grain accueille les richesses de la terre, s’en nourrit et porte du fruit. Le repli sur soi, loin de nous donner une identité, nous détruit humainement. Notre identité se construit dans la rencontre de l’autre et non dans son rejet.

Rencontrer l’autre, c’est rencontrer celui qui est différent, celui qui a des opinions différentes. La capacité de s’ouvrir à l’autre est un signe de bonne santé humaine. En accompagnant des mouvements de jeunesse, j’ai réalisé que la vitalité d’un groupe se vérifiait dans sa capacité de participer à des réunions avec d’autres. Les mouvements en crise se ferment sur eux-mêmes et, s’ils persistent dans cette direction, finissent pas mourir.

Aimer, c’est pouvoir s’ouvrir à l’autre. L’Evangile parle d’aimer ses ennemis, d’être capables d’ouverture vers celui qui s’oppose, qui fait peur. C’est le défi de l’amour. Seule cette ouverture peut garantir une société stable. Ce processus est par essence dynamique, il est à construire chaque jour. L’ennemi de l’amour est le repli sur soi qui peut prendre la forme du racisme, de l’exclusion, du mépris de l’autre.

Construire un monde sur cet amour va à l’encontre du monde globalisé que nous vivons aujourd’hui, un monde qui veut gommer les différences, un monde qui veut un seul moule pour tous.

La rencontre de celui qui est différent, qui dérange permet de sortir de nos enfermements. Le samaritain n’a vu qu’un homme blessé sur le chemin, un homme qui avait besoin de secours. Ceux qui ont passé leur route sont restés enfermés dans leurs préoccupations et sont passés à côté d’un appel pressent à aimer qui contrecarrait leurs plans. La rencontre de l’homme blessé nous fait sortir de nos a priori ou de notre autosuffisance. Elle nous évangélise en nous faisant sortir de nous-mêmes en nous laissant interpeller par l’autre, en essayant de le comprendre. Plusieurs ONG utilisent cette pédagogie pour nous faire comprendre certaines réalités ; elles nous proposent de nous mettre dans la peau de l’autre, de sortir de nos préjugés. Elles nous font progresser dans la connaissance de la réalité que bien souvent nous enfermons dans des idées toutes faites.

Apprendre à nous ouvrir aux autres c’est le défi de la fraternité.

Bonne journée.

Xavier NYS

Curé