L’Église Saint-Ursmer
Le regard des visiteurs qui poussent la porte de l’église St Ursmer est immédiatement attiré par l’imposante statue en chêne de notre Saint Patron (une trentaine de Kilos – Voir évènement « Lobbes 23 avril 2023 ») qui trône sur l’autel latéral droit. St Ursmer est paré des habits épiscopaux – mitre, crosse, gants bagués, chasuble, dalmatique et aube – et chausse des souliers à bouts pointus. La datation peut se déduire … en se basant sur les statuettes qui la décorent … statuettes à comparer avec les prophètes assis conservés aux musées d’Ath et de Bruxelles. Les plis de la dalmatique … et ceux de l’aube renvoient à une facture employée au début du XVème siècle (1)
Pourquoi notre paroisse fut-elle dédiée à Saint-Ursmer ? Cela reste un mystère… à résoudre !
Nous n’avons qu’une seule certitude, les plus anciens documents dont nous disposons datent du 15ème siècle :
La mention la plus ancienne de St Ursmer -vraisemblablement de la statue connue aujourd’hui – date de 1453 à propos des sépultures des seigneurs de Bétissart:
« Le VIIè fut né à Béttinsart ,,,eut nom isabeau ,,,gist à Ormeignies devant Saint Ursmer » mort en 1453
Le VIIè ,,,eut nom Jacques enterré à Ormeignies devant St Ursmer assez près de Nostre-Dame » (*) mort en 1455
On peut émettre l’hypothèse qu’il s’agit bien de notre statue de St Ursmer.
L’église actuelle fut implantée en 1777 (2). Les 2/3 de la dîme revenaient à l’abbaye de Cambron. L’abbé de Cambron dut assumer la charge principale de l’ouvrage. Il faut dire que, d’après Angélique de Rouillé, l’ancienne église « tenait plus de la grange que de l’édifice religieux » (3). Le mobilier fut transféré dans le nouvel édifice. Notre statue y trouva , sans doute, la place actuelle.
La Confrérie Saint-Ursmer et la procession
Le culte de Saint-Ursmer a toujours été vivace à Ormeignies. On connaît la royale fanfare Saint-Ursmer vénérable dame de plus de 165 ans ! La rue Saint-Ursmer, la salle paroissiale Saint-Ursmer, la confrérie Saint-Ursmer.
Cette dernière fut crée en 1884 par les 80 (!) premiers membres. A cette époque, faire partie d’une confrérie est un privilège recherché. Les statuts, outre la cotisation annuelle (2frs), prévoient les obligations. Parmi celles-ci, les membres se réunissent autour du catafalque du confrère défunt, y récitent les litanies. Ensuite, accompagnés du tambour recouvert d’un crêpe, ils accompagnent celui-ci, drapeau en tête, jusque l’église (4). La statue était portée par les confrères lors de la procession de Saint-Ursmer le dimanche qui suit le 19 avril, lors de la procession du Saint Sacrement…
La confrérie existe encore de nos jours.
La statue est toujours accompagnée par la royale fanfare Saint-Ursmer qui interprète, notamment avec la chorale, le cantique de Saint-Ursmer. La dernière procession eut lieu en 2018.
Saint-Ursmer, sa vie et son histoire
C’est en 644 (?) dans une masure de Floyon (aujourd’hui Fontenelle près d’Avesnes) que naquit Ursmer. La tradition veut que dès avant sa naissance, des prodiges annoncent la venue au monde d’un être exceptionnel.
À l’initiative de ses parents et de sa marraine il reçoit une solide instruction de base et, à l’adolescence, il est initié aux sciences profanes et à l’Écriture sainte. Saint Amand, l’ordonne prêtre vers 670. Ursmer parcourt la Thiérache et la Fagne, prêchant et convertissant . En 690, Ursmer devint le premier abbé en titre de Lobbes.
Il se rend à Rome en 691 et le pape Serge 1er lui confère l’autorité apostolique d’évêque pour prêcher, ordonner des prêtres et des diacres, consacrer des lieux de culte et autels. Il lui cède aussi une relique de Saint Pierre, pieusement conservée à l’abbaye jusqu’en 1794 puis sauvegardée à la collégiale Saint-Ursmer de Binche.
Le 26 août 697, Ursmer consacre l’église abbatiale de Lobbes érigée à l’emplacement de l’oratoire fondé par saint Landelin en 654. C’est au départ de Lobbes qu’il entreprend d’autres voyages missionnaires, prêchant l’Évangile parmi les peuples païens du Hainaut, de Flandre et fondant ici et là des monastères.
Ursmer meurt à l’abbaye de Lobbes en 713, probablement le 18 avril.
En 823, on procéda à l’élévation du corps du bienheureux. .Cette cérémonie équivaut à la canonisation dans l’église actuelle. Des miracles lui sont attribués. L’église Sainte-Marie de Lobbes devint Eglise Saint-Ursmer affectée à perpétuité à douze chanoines formant le chapitre de Saint-Ursmer. C’est de cette époque que date l’actuelle collégiale Saint-Ursmer de Lobbes : elle est la plus ancienne de Belgique et contient toujours les sarcophages de saint Ursmer et de saint Ermin.
Pour protéger les reliques de Saint-Ursmer des conflits guerriers, elles furent déplacées à Thuin puis à Binche en 1408. On peut voir aujourd’hui en la collégiale Saint-Ursmer de Binche son buste reliquaire datant de la première moitié du xviiie siècle (5)
Saint-Ursmer est patron des paroisses de Binche, Lobbes, Vellereille-les-Brayeux, Athis, Ormeignies, Eppe-Sauvage, Hatrival, Oetingen, Baesrode, Deftinge, Zegelsem.
J.J. Nève.
(1) pp524-525 Le Patrimoine du Pays d’Ath – Un premier bilan Études et documents du Cercle Royal d’Histoire et d’Archéologie d’Ath et de la Région Tome II 1980
(2) Mémoire rédigé par le curé Galopin (1754-1840) – Archives de l’État à Mons (Registres paroissiaux Ormeignies Reg 12)
(3) p16 Une épistolière en Hainaut ANGÉLIQUE DE ROUILLE châtelaine d’Ormeignies (1756-1840) A. Louant Mons 1970
(4) pp6-9 G.Taverne dans le N° 15 du bulletin de liaison des Amis d’Angélique de Rouillé.
(5) Pour (beaucoup) plus de détails : « La vie et le culte de Saint-Ursmer suivant les hagiographes et la croyance populaire par Philippe de Stexhe (N° 9 – 1988 de la Revue de la société d’archéologie et des amis du musée de Binche)