L’église Saint Quirin d’Houtaing possède une statue remarquable liée à l’intercession maternelle de la Vierge Marie pour la guérison des maladies pandémiques. Des pèlerins et des fidèles locaux sont nombreux à venir prier et se recueillir devant cette interprétation bourguignonne de Marie et de Jésus.
Vierge à la Grenade,
Sous le vocable actuel de Notre-Dame des Affligés
Tournai ( ?) vers 1440, chêne évidé, polychromie ancienne, hauteur 80cm.
La Vierge assise tient l’enfant sur ses genoux et lui présente une grenade dans un geste plein de grâce voire de préciosité. La Mère a un visage ovale et charnu. Ses cheveux, aux mèches assez épaisses retombant sur les épaules, sont tirés vers l’arrière, sous un diadème doré et sculpté de fleurs et de pierres précieuses.
L’Enfant joufflu, à la tête assez grosse et dépourvue de cou, gesticule comme pour attraper le fruit. La statue est desservie dans ses proportions par une base amputée qui la rapetisse. Les couleurs contribuent aussi à en faire une œuvre de très grande qualité, novatrice à l’influence flémallienne : le drapé rouge-orange à la structure complexe entremêle les vêtements de la mère et du fils. Le manteau de la Vierge, tenu sous le cou par un double cordon vert aux mors en forme de fleurettes dorées, par son revers bleu à plis aplats souligne le mouvement latéral. L’influence de l’atelier de Jean Delemer n’est pas à sous-estimer en comparaison à une pièce fort semblable en pierre de collection privée (malheureusement doublement acéphale), qui lui est attribuée.
On sait le thème de la Vierge à la pomme en vogue dans la seconde moitié du XVe siècle, en peinture chez les primitifs flamands avec une apothéose Memling, ou en gravure avec Martin Schongauer, mais aussi à la grenade, fruit mystique symbole d’amour, de vie et de fertilité.
Références : R.Didier dans les Mélanges Maurice A.Arnould, 1983, p.389 ; J.W.Steyaert dans le Catalogue de l’exposition Laat-gotische beeldhouwkunst, Gand, 1994, n°4 et n°2 ; H.Carlier dans le Bulletin du Cercle Royal et d’Archéologie d’Ath, 2010, p. 566-574 ; Ph.Georges dans le Catalogue Quand Flamboyait la Toison d’Or, Beaune, Musée Marie de Bourgogne 2021-2022, p.189-190.