Bonjour à tous,
Aujourd’hui, je me permets de vous partager cette réflexion qui n’engage que moi.
Tout d’abord, merci de votre présence, merci de nous rejoindre en ce lieu malgré toute l’actualité…
Comme je voudrais que ce lieu soit désacralisé, qu’il ne soit occupé par aucune religion.
En effet, nous savons ce que ce mot » occupation » peut signifier…
Mais qu’il devienne un lieu de recueillement ou de prière pluriel où chacun pourrait s’arrêter, se reposer, prendre du recul.
Un lieu d’acceptation de l’autre devant le tout-autre, quel que soit son nom.
Je suis heureux de vivre dans notre pays aujourd’hui mais j’ai peur
Peur des divisions que l’on crée,
Peur des récits que l’on raconte entre autres, dans notre pays sur les flamands, les wallons, les bruxellois ou encore les germanophones, pour ne parler que de ce qui nous est proche…
Peur de voir les différences devenir une source de séparation, dans un monde du chacun pour soi et dans un monde qui se fonde sur une lutte sans merci où seul le plus fort gagne.
Peur des religions qui qui sont utilisées pour justifier ces combats ou qui parfois les justifient
Il est grand temps de retrouver la place des religions comme outils de quête spirituelle, comme des chemins qui permettent de prendre du recul, qui invitent à la réflexion et nourrissent l’esprit critique.
Rendez à César ce qui est à César
C’est au niveau politique que le débat d’idées peut se jouer, c’est le rôle du politique
Nous devons oser nous remettre en question
En politique nous devons retrouver ce qui est son rôle, revoir la façon dont nous exerçons la responsabilité et le pouvoir et surtout, évitons de vouloir mettre Dieu dans nos décisions humaines
Nous remettre en question aussi dans nos religions.
Je ne vous cache pas mon malaise profond
Face à des religions qui prônent la mort de l’autre, face à une église qui par goût du paraître et du pouvoir a tué, a détruit des vies d’enfant
Mon malaise profond face à la religion instrumentalisée par les pouvoirs politiques
Nous devons savoir écouter les textes que l’on dit sacré afin de les désacraliser et d’y voir d’abord la trace d’une sagesse humaine qui s’est construite à travers des expériences de vie. Qu’on y voie une trace d’un dieu ou de Dieu, pour quoi pas mais qu’on n’en fasse jamais un absolu.
Pour construire notre monde, il n’y a pas d’autre chemin que celui du dialogue
Pour cela, nous devons d’abord écouter les victimes, ce que mon Eglise a été incapable de faire.
Elle n’aurait d’ailleurs pas pu le faire sans l’aide d’entités extérieures.
Ecoutons les victimes en Israël et en Palestine, en Ukraine et en Russie, et dans tous les conflits
Ecoutons les victimes de notre système économique en Afrique et dans les pays dits émergents
Ne pas les écouter signifie les jeter dans la gueule du loup des dictatures et des politiciens qui se présentent comme ceux qui vont tout arranger, qui se présentent comme des messies, s’arrogent le titre de « guide suprême », de « pères de la nation » ou tout autre titre divin qui n’est en fait que très humain.
Aujourd’hui, je voudrais simplement vous dire que je suis mal à l’aise dans ma religion qui n’a pas su ou pas voulu écouter les victimes et qui s’est fait complice de l’horreur.
Je suis mal à l’aise face aux religions qui se font complices des massacres, de meurtres qui n’ont pas de nom et dont les victimes sont d’abord et avant tout des hommes et des femmes qui n’ont rien demandé, surtout pas de se battre. Ne l’oublions pas alors que nous commémorons les guerres et leurs victimes.
Xavier NYS